COMMENT PAUL BIYA A ORGANISÉ LA CHUTE DU POUVOIR DES PEUL AU NORD CAMEROUN AU PROFIT DES HAOUSSA

Les nominations des 25 et 26 mars 2025 au comité central du RDPC, ont sonné la fin de l’hégémonie politique peule au Nord-Cameroun. En remplaçant le milliardaire et fidèle Alhadji Mohamadou Abbo, Peul décédé en octobre 2023, à la tête de la délégation régionale du RDPC de l’Adamaoua par le député Baoro Théophile, un Gbaya du département du Mbéré, Paul Biya a définitivement mis cette communauté sous l’éteignoir dans cette région. Du moins pour ce qui est du parti au pouvoir.

Ce cas s’ajoute à une longue liste d’actes qui éloignaient déjà les Peuls de leur ancienne toute-puissance politique dans l’Adamaoua. Au gouvernement, Abba Sadou, Peul du Mayo-Banyo, avait été évincé au profit d’un Haoussa, Mohamadou Moustapha, nommé secrétaire général adjoint de la présidence de la République.

Depuis cette fenêtre d’opportunités, il s’attelle à placer les Haoussas partout quitte à faire passer ceux qui ne sont pas des régions septentrionales pour des Nordistes. De l’ambassadeur Tanimou au directeur général de la Sonara, les CV affichent toujours comme lieu d’origine, un village de l’Adamaoua…

Disons les choses simplement : les Peuls ont été remplacés par les Haoussa, coqueluches du chef de l’État pour des raisons qu’il est seul à connaître, mais qui ne peuvent guère être éloignées de la sphère politique. Et même au Bureau politique du parti au pouvoir, Mohamadou Labarang et Mohamadou Moustapha m, tous deux Haoussa, tiendraient la bonne corde.

Sur quatre ambassadeurs ressortissants de l’Adamaoua, deux sont Haoussa, Labarang et Tanimou. Quant aux deux généraux – Baba Soulei et Housseini –, ils sont également Haoussa.

Toujours dans la sphère des forces de l’ordre, l’unique colonel originaire de l’Adamaoua, actuellement en poste à Maroua, est également Haoussa. Midiyawa Bakary, gouverneur de l’Extrême-Nord et figurant sur la short-list des gouverneurs pour le compte de l’Adamaoua, il est également Haoussa et se fait souvent passer pour Kanouri.

Quant aux directeurs généraux de sociétés, structures ou entreprises d’État, l’Adamaoua, déjà très mal lotie, ne laisse qu’une maigre place à un Peul : le Pr Bah, à l’hôpital général de Garoua.
Ce transfert politique du Peul vers le Haoussa, ou la « dépeulisation » de l’espace politique, ne s’arrête pas à l’Adamaoua. La nomination du ministre Mbairobé Gabriel en qualité de patron politique de la Bénoué, un territoire historiquement reconnu comme un bastion Peul, démontre la constance de Paul Biya dans sa volonté de marginaliser les Peuls dans l’environnement politique, ou du moins de les pousser dans d’autres bras pour mieux les étouffer.
Car les visages peuls, mis à part les chefs traditionnels promus ici et là et un Mohammadou Bayero à la tête de la Sodecoton, sont devenus très rares. Le plus illustre d’entre eux, Marafa Hamidou yaya est toujours en prison.

Il faut vraiment fouiller pour en trouver d’autant plus que le septuagénaire Yaou Aïssatou devrait très prochainement laisser sa place à un conseiller technique de la présidence de la République, ressortissant de la région de l’Ouest. Dans les confins de l’Extrême-Nord, c’est un député, Amadou Sali, qui reste l’une des rares figures à encore émerger.

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