LA CANDIDATURE DU DICTATEUR BIYA EST IRRECEVABLE.

POURQUOI LA CANDIDATURE DE PAUL BIYA, ANCIEN PRESIDENT NATIONAL, ET DE TOUT AUTRE CANDIDAT DU RDPC À L’ELECTION PRESIDENTIELLE PROCHAINE EST JURIDIQUEMENT IRRECEVABLE SANS LA TENUE PREALABLE D’UN CONGRES

Chers camarades du RDPC, chers compatriotes,

En ma qualité de militant engagé du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais, parti que je sers avec loyauté et conviction, je m’adresse à vous. Mon engagement reste fidèle à nos idéaux communs : ceux d’un Cameroun uni, fort et démocratique, bâti sur le respect rigoureux de la légalité républicaine.

À l’approche de l’élection présidentielle d’octobre 2025, je prends la parole avec gravité, non pas dans un esprit de dissidence, mais par devoir de vérité et par attachement profond à l’avenir de notre parti et de notre nation.

Je le dis avec lucidité et franchise : une nouvelle candidature du président Paul Biya est juridiquement impossible, sauf si la justice se soumet au pouvoir, et politiquement périlleuse. Le combat juridique que j’ai engagé et qui est encore en cours n’est pas une fronde, c’est un acte de salubrité républicaine.
Ceci n’a rien à voir avec le très grand âge de l’ancien Président National, S. E. Paul Biya, ni avec sa fatigue physique et psychologique évidente que son entourage affiche sans pudeur ni respect.
Si nous ne retrouvons pas, maintenant, le chemin de la légalité et de l’alternance générationnelle, notre navire commun risque de sombrer.

  1. L’impossibilité statutaire d’une investiture par le RDPC

Selon l’article 27 alinéa 3 de nos statuts, le président national du RDPC est d’office notre candidat à l’élection présidentielle. Mais cette disposition suppose une condition fondamentale : que le Président National soit statutairement en fonction. Or, cette légitimité découle exclusivement du Congrès, instance suprême de notre parti (article 18, alinéa 2), qui doit se réunir tous les cinq ans.

Le dernier Congrès remonte à septembre 2011. Toute allégation de prolongation supposée décidée par le Bureau Politique en novembre 2016 est illégale car c’est en réalité le 16 septembre 2016, soit deux mois auparavant, qu’il aurait fallu procéder à la prétendue prolongation. Par ailleurs, ladite prolongation reste à ce jour sans preuve formelle et est tout simplement impossible. En effet, il aurait fallu que le Bureau Politique réunisse pour la circonstance la totalité de ses trente membres statutaires qui, malheureusement, depuis la création du parti en mars 1985, n’ont jamais été en totalité désignés par le Congrès. En clair, depuis sa création, notre parti ne s’est jamais doté d’un Bureau Politique conforme à nos statuts.

Dans ces conditions, comment prétendre à l’investiture d’un Président National dont le mandat est échu depuis neuf ans ? Le Conseil Électoral d’Elecam et le Conseil Constitutionnel auront l’obligation de vérifier la régularité de toute investiture. En l’absence d’un Congrès dûment convoqué avant la clôture des candidatures, le RDPC ne pourra juridiquement présenter aucun candidat. C’est une vérité froide, mais implacable.

  1. Une candidature frappée d’incompatibilité fonctionnelle

L’article 7 alinéa 4 de notre Constitution est sans équivoque : « Les fonctions de Président de la République sont incompatibles avec toute autre fonction publique élective ou activité professionnelle. »

Le Président, S. E. Paul Biya, cumule actuellement deux fonctions électives : celle de chef de l’État et celle de Président National du RDPC. Ce cumul est contraire à la Loi fondamentale, et notamment à l’article susmentionné.
S’il avait même encore la possibilité d’être investi comme candidat de notre parti à l’élection présidentielle à venir, il aurait été obligé de soit démissionner de ses fonctions de Président de la République pour redevenir un citoyen ordinaire, soit de se démettre de sa fonction de Président National du RDPC.

  1. Une inéligibilité potentielle en vertu de l’article 118 du Code électoral
    L’article 118 de notre Code électoral déclare inéligibles : « (1) les personnes qui, de leur propre fait, se sont placées dans une situation de dépendance vis-à-vis d’une personne, d’une organisation ou d’une puissance étrangère ou d’un État étranger ».

Rappelons-nous l’épisode du Grand Dialogue National en 2019. À l’issue des travaux, le Président de la République, S. E. Paul Biya, avait publiquement déclaré depuis Paris avoir « rendu compte » au président français Emmanuel Macron. Cette déclaration, relayée par les médias du monde entier, constitue une entorse grave à notre souveraineté nationale.
Le Conseil Constitutionnel, s’il est saisi, pourrait être amené à constater cette inéligibilité.

Chers camarades,
Nous devons avoir le courage de regarder les faits en face et d’exiger le respect de nos textes fondateurs. Pour l’honneur du RDPC, pour la crédibilité de notre démocratie, pour l’avenir de notre jeunesse, il est temps que le Président Paul Biya renonce à briguer un huitième mandat.

Ce renoncement serait un acte de grandeur. Il permettrait une sortie honorable, tout en ouvrant la voie à une relève sereine, légale et générationnelle, conforme aux attentes du peuple camerounais.
« L’avenir jugera chacun, inéluctablement. »

Militants du RDPC, l’histoire nous observe. C’est en défendant nos principes et en agissant avec responsabilité que nous pourrons assurer la pérennité de notre parti et contribuer à l’édification d’un Cameroun fort, stable et juste.

Fait à Monatélé, le 21 mai 2025

Par Léon Théiller Onana
Élu municipal

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